Des raquettes aux chaussures de course
par Claude GagnonJ'ai toujours aimé bouger et jouer. Quand j'étais enfant, le hockey, le baseball et le basketball canalisaient mon énergie. Mais l'athlétisme, le cyclisme et la natation ne m'inspiraient pas. Ce goût du jeu s’est poursuivi à l’âge adulte. Le squash s’est naturellement intégré à ma vie sportive. Tout m’attirait : l’aspect tactique, la finesse, le fair-play, la condition physique requise. Et toujours le fait de jouer, la sensation d’être un enfant sur le court. Mais après 25 ans à courir après la petite balle, mon épaule, mon coude et mon dos en ont eu assez. Quelques-uns de mes partenaires de jeu s’entraînaient également à courir et m’ont proposé de les rejoindre. C'est ainsi qu'un mardi de mai 2010, je me suis retrouvée à courir en rond sur la piste de l'Université McGill (je sais maintenant que ça s'appelle des intervalles!) et à rencontrer la réputée entraîneuse Dorys Langlois. L'entraînement était superbement planifié et le groupe de coureurs très sympathique, alors j'ai pris l'habitude d'y aller une fois par semaine tout en continuant à jouer au squash. Un mois plus tard, à quelques jours de mon 50e anniversaire, j'étais au départ de ma première course, un 10 km sur les sentiers du Mont St-Bruno, en banlieue de Montréal. Et c'est là que tout a basculé. Bref, j'ai adoré ça! Je ne jouais plus CONTRE quelqu'un, mais je courais AVEC les autres! J'entendais le bruit de leurs pas, je respirais (et souffrais) comme eux, avec pour seul objectif commun d'atteindre la ligne d'arrivée. À la fin de la course, c'était décidé: j'étais désormais une ex-joueuse de squash et une nouvelle coureuse. Je suis devenue une participante régulière aux séances de groupe et aux programmes d'entraînement de Dorys. Mes efforts se sont rapidement concentrés sur la préparation de mon premier marathon, celui de Montréal en septembre 2011. Grosse erreur : je n'étais pas prête pour un tel événement, car je n'avais pas accumulé suffisamment de kilomètres ! Du coup, j'ai frappé le mur au 28e km, les deux jambes dans le ciment et le teint verdâtre. Pour couronner le tout, je me suis blessée peu de temps après, me déchirant partiellement un tendon et m'éloignant de la route pendant un an et demi. Une dure leçon... Mais avec le temps qui m'a souri, j'ai enfin récupéré et repris l'entraînement. Après quelques courses préparatoires, je me suis sentie prête en octobre 2014 pour une 2e tentative sur la distance marathon. Malgré mes craintes, cela s'est bien passé, avec en prime la qualification pour le marathon de Boston ! Depuis, j'ai participé à 7 autres marathons et à de nombreuses autres courses sur des distances plus courtes. Malheureusement, depuis deux ans, un « circuit électrique » défectueux dans mon oreillette gauche, provoquant des palpitations cardiaques, m'a amené à reconsidérer mes objectifs. Le chronomètre est soudain moins important et le privilège de pouvoir encore courir prend un tout autre sens. Avec le recul, je me rends compte qu'il n'y a pas d'âge pour commencer à courir, et que le chemin vers le but est au moins aussi important que le but lui-même. Courir m'a permis de rencontrer de merveilleux coureurs « grincheux », de nouer de nouvelles amitiés et de me dépasser. Discipline, détermination, distance, comme on dit ! J'ajouterais le plaisir, la santé et l'amitié. |